Le Centre international de recherches sur la prévention des enfants soldats (IRCPCS), basé à Dakhla, s’impose aujourd’hui comme un acteur essentiel et une plateforme pionnière coordonnant les efforts visant à éradiquer le recrutement forcé des mineurs dans les conflits armés.
Lors d’une visite de travail effectuée à l’IRCPCS, en marge de la Conférence ministérielle africaine sur le Désarmement, la Démobilisation et la Réintégration des enfants soldats, organisée jeudi 20 Novembre à Rabat, plusieurs experts, chercheurs et universitaires issus d’Afrique et d’Amérique latine ont mis en avant le rôle central du centre, véritable passerelle de coopération Sud-Sud, à un moment où le phénomène des enfants soldats continue de menacer la stabilité de nombreuses régions du monde.
Dans une déclaration à la MAP, le chercheur à l’Université de Yaoundé au Cameroun, Willy Didié Foga Konefon, a affirmé que le centre « renvoie au monde l’image d’un continent de paix, de stabilité et d’innovation, loin des clichés d’incohérence et d’absurdité qui lui sont souvent associés ».
Il a aussi fait savoir que les équipes du centre ont mené des missions et recherches de terrain dans la région du Sahel, au Tchad, en République démocratique du Congo, en Côte d’Ivoire, en Haïti et au Kazakhstan, aboutissant à la création d’un réseau mondial de Bureaux de coordination.
M. Foga Konefon a également mis en avant le développement par le Centre du premier programme d’intelligence artificielle au monde dédié à la détection et au suivi des milices recrutant des enfants, ainsi que l’organisation de 19 conférences internationales ayant rassemblé plus de 250 experts d’Afrique, d’Amérique latine et d’Europe.
Il a souligné que ce Centre international de recherches a mis en place des outils concrets pour une réponse globale, en s’appuyant sur l’intelligence artificielle et un réseau transcontinental, estimant que cette approche démontre que « l’Afrique produit des solutions, des connaissances et des stratégies innovantes”.
De son côté, la chercheuse camerounaise et cheffe du département scientifique et éthique au Centre international de recherches sur la prévention des enfants soldats, Virginie Wanyaka Bonguen Oyongmen, a indiqué que l’IRCPCS aspire à devenir « une référence mondiale » dans la protection des mineurs en zones de conflit.
Elle a également souligné que le centre publie des articles scientifiques qui renforcent la voix du Sud global dans les débats internationaux sur la protection de l’enfance.
Pour sa part, la chercheuse colombienne spécialisée dans la prévention du recrutement forcé des mineurs, Jacqueline Micolta Victoria, a affirmé que ce Centre constitue « un espace de dialogue, d’échange et de coordination qui unifie les efforts de l’Afrique et de l’Amérique latine autour des agendas communs à l’horizon 2040, basés sur une tolérance zéro envers le recrutement des enfants.
La chercheuse colombienne a, dans ce sens, souligné que cet échange entre les deux continents « ne concerne pas uniquement le diagnostic, mais porte aussi sur des actions concrètes visant à changer la réalité dans les zones fortement touchées par les conflits ».
Elle a également souligné que les travaux de recherches doivent déboucher sur des mesures impliquant les États, les communautés et les organisations locales, étant donné que la prévention contre le recrutement des enfants soldats est intiment liée au développement, à la paix et à la résilience des communautés.
De son côté, Wilson Largo, membre de l’Observatoire des droits des peuples autochtones en Colombie, a noté que le centre offre un cadre idéal d’échanges entre les communautés autochtones d’Amérique latine et les acteurs africains confrontés au risque d’enrôlement forcé des enfants dans des milices armées.
« Le phénomène est mondial: l’Afrique, l’Amérique latine et l’Asie en souffrent tout autant », a-t-il affirmé, soulignant la nécessité de renforcer l’échange de connaissances, de partager les bonnes pratiques et d’adopter des stratégies d’alerte précoce en la matière.
« L’action conjointe avec le centre permet d’identifier les bases d’une stratégie visant à intégrer la société civile, les États et les institutions dans un effort commun », a-t-il poursuivi.
Grâce à son approche pluridisciplinaire, à son recours à l’intelligence artificielle en termes de diagnostic et du suivi, à sa coopération transatlantique et au lancement d’un programme de « chercheurs résidents », le Centre consolide son rôle en tant que plateforme stratégique au service d’une cause universelle, à savoir la protection de l’enfance contre la violence des guerres.
(MAP: 20 Novembre 2025)






